lundi 1 septembre 2014

Salmo vs Thunnus

         

   Après la rencontre sympathique et hautement symbolique de préparation au championnat  de pré nat' entre les gars de Concarneau et ceux de Châteaulin, il me paraissait amusant de continuer la parabole à l'aide de deux poissons emblématiques pour chacune de ces deux villes: le thon pour Concarneau évidemment, et, bien sûr, le saumon pour Châteaulin.

" Salmo Salar", ou saumon Atlantique contre "Thunnus thynnus Scombridae" ou thon rouge Atlantique même si  l'albacore, le listao ou le germon sont plus connus des concarnois et de nos assiettes. En effet on gardera le thon rouge qui convient mieux à la couleur du maillot, comme illustré plus haut.

Or donc, magie de ce délire cyber temporel de la présente machine, nous voici d'un coup transportés dans l'Antiquité, et l'affiche de la rencontre devient:

Salmo Salar vs Thunnus thynnus



Tout un programme!.............................

Pour peu on se prendrait pour des romains férus de combats de gladiateurs.



On n'en est pas loin d'ailleurs, autant l'avouer; car rien que le nom donné aux grandes salles de sport actuelles nous rappelle les origines de nos jeux.

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Pour nos handballeurs préférés c'est le moment de citer Publius Syrus - que tout le monde connait!?....  Eheheheh!  - Et qui aurait dit:

"Gladiator in ipsa arena consilium capit"
- "C'est dans l'arène que le gladiateur prend conseil de lui-même"-

Pensée très profonde, hautement philosophique même, un peu genre "in vino veritas" qui ma foi me convient bien mieux, et me semble appeler le même résultat malgré tout, mais un chouya plus "embrumé" et moins sportif je le reconnais volontiers...

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Mais revenons plutôt à nos poissons...
Quelles sont donc les caractéristiques, les défauts et les qualités de nos deux gladiateurs Thunnus Thynnus de Concarneau et Salmo Salar de Châteaulin?

Mon but étant bien évidemment de montrer que si les concarnois rêvent de fumer Salmo cette année, Thunnus finira malgré tout transformé en sushi voire en sashimi (moins connu mais tout aussi délicieux) dans nos assiettes "même", au bord de l'Aulne, avec un peu de citron, de riz et tout et tout, sauf le laurier qu'on gardera pour nous bien évidemment... Rapport aux romains et à César...     

- merci Fanchick on avait tous compris....  -



On peut  trouver étrange, incongrue même, l'idée de se lancer dans un comparatif entre ces deux espèces?
Hormis qu'on a à faire à des bretons et des handballeurs, ces gladiateurs de poissons, habitués de la pêche sportive, ont pourtant des points communs suffisamment singuliers pour se rapprocher drôlement, et qui leur confèrent ainsi une place spéciale dans le Monde de nos sportifs à écailles.



 - On note au passage l'effet qui se dégage de la technique de la mosaïque sur la fresque, comme des écailles sur la peau des personnages et, de fait, la métaphore géniale de l'auteur de cet article?! ... -




Car en effet, non seulement ils sont parmi les plus costauds de leur genre, mais aussi nos deux carnassiers sont tous deux de très grands migrateurs.

Thunnus et ses pères par exemple, naissent en Méditerranée ("Mare Nostrum" pour les romains jamais trop fiers!), ou dans le golfe du Mexique; ils migrent ensuite et vivent, pérégrinent en Atlantique nord, puis reviennent systématiquement frayer dans leur Grande Bleue originelle ou vers les côtes Mayas ou bien aztèques où ils sont nés.
Aussi, On connait tous le parcours de Salmo qui lui nait dans nos douces rivières puis file vers l'Atlantique vit une aventure salée puis retourne au pays ("Plein d'usage et raison?"... hmmm..... ) vers ses lieux de naissance pour s'y reproduire aussi.
En anglais les scientifiques appellent cela le phénomène de "homing" - "retour au gîte" -....
De fait voilà deux poissons dont le métabolisme, la physiologie, sont très particuliers, étonnants, exceptionnels même, qui permettent à Thynnus au sang chaud de passer d'une eau de 3°c à 30°C sans frémir, à Salmo de vivre en eau douce comme en milieu salin...
Ci-dessous des cartes de leurs territoires océaniques respectifs.

Thunnus thynnus Scombridae (source Ifremer):


Salmo Salar:




Reste donc à savoir s'il y a de la place pour deux?!............ Eheheheheh!!!!!!!!!!!!..............


Autre point commun et non des moindre: la qualité de leur chair.
Autre rapprochement: leur raréfaction, voire la quasi extinction pour Thunnus Thynnus Scombridae!.
Il faut cependant préciser ici que les causes  semblent malgré tout différentes pour chaque poisson:
Si Thunnus paye cher l'engouement pour sa chair (notamment en Asie)  par une surexploitation exponentielle au XXème siècle, une surpêche due au développement des techniques de pêche (navires, palangres, sennes tournantes...), le déclin de Salmo Salar quant à lui, et chez nous en Bretagne, plutôt que par sa surexploitation (attention à l'idée faussement répandue de la surabondance du saumon dans nos rivières bretonnes avant la révolution...)  est surtout dû aux modifications de son environnement naturel et à nos pollutions. Les captures de ce dernier augmentent certes aussi avec l'évolution des pêcheries et des techniques, le développement de la pêche sportive, mais, et Châteaulin est un bon exemple, ce sont les transformations de son habitat, les pollutions en amont de l'Aulne très tôt (les rejets des mines argentifères entrainent des procès avec les pêcheries dès le 18ème siècle!... ) et les changements dans l'écoulement du fleuve entre autres, avec la naissance du canal, qui entrainent son déclin.
 Aussi, cela m'oblige à rajouter malheureusement cet autre point commun aux deux nobles guerriers: l'impression que c'est justement la qualité  exceptionnelle de leurs métabolismes respectifs, leur sensibilité exacerbée leur permettant de s'adapter magnifiquement à de nouveaux environnements au cours de leurs existence vagabondes qui, paradoxalement, les fragilise et les rend extrêmement vulnérables face aux grandes pollutions contemporaines, au changement climatique par exemple et à ses conséquences planétaires, sur les températures, les courants, la chimie des océans ou des rivières.

Peut-on rêver qu'un jour  nos gladiateurs seront définitivement préservés par les dieux de tous ces maux?


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Osons ici une "légère" digression au moment où les hommes se posent des questions sur leur futur et où la peur (pas encore la terreur mais...) les oblige à se replier sur eux mêmes.
Pour nos deux  jeunes et valeureux combattants, il est peut-être bon de rappeler la devise inscrite au sommet de la grille en fer forgé de l'Hôtel de ville de Nantes - officielle depuis le XIXème siècle seulement apparemment-:


" Favet Neptunus EunTi"
- " Que Neptune favorise ceux qui voyagent "- 


Voilà qui est bien dit. Une devise faite pour Salmo et Thunnus dont Neptune est le dieu bienveillant comme celui des océans, des fleuves et des rivières.




***


Le trident de Neptune et le filet de pêcheur ne sont ils pas des accessoires que l'on retrouve aussi aux mains du rétiaire dans l'arène?


S'il s'agissait encore d'une allégorie concernant nos deux équipes, nul doute que Salmo de Châteaulin fût un de ces légers  rétiaires , et qu'il eût un jour à s'opposer à Thunnus, "le secutor concarnois" très lourdement armé! D'ailleurs les protections même- coudières, chevillières, brassards, genouillères ou épaulières,  cuissards ou autres... - que l'on retrouve chez nos sportifs préférés rappellent drôlement celles portées par nos antiques héros dans l'arène.


Mais précisons un peu mieux les points forts (ou faibles) des deux combattants ici pésents:


Thunnus thynnus Scombridae - le Secutor

C'est un balaise. Une masse!
Pesant jusqu'à 600kg voire plus, il peut mesurer plus de 2m. Il atteint sa taille adulte en Méditerranée par exemple,  à l'âge de 4 ans,  et mesure alors 1,20m pour 30kg. Une source Ifremer parle d'individus de 1,90m pesant 150kg à 9 ans pélevés en Atlantique ouest. Mais le bougre continue de grandir, puisque le thon rouge peut vivre très longtemps pour un poisson: jusqu'à 40 ans avec les mensurations moyennes citées plus haut! 
C'est un carnassier qui a peu de prédateurs... A part qui vous savez!.............
Et en plus il fonce le bougre! Des pointes à 30km/h, certains ont même été enregistrés à 80 km/h en instantané voire 100km/h! (?)
Grégaire lui aussi, il n'hésite pas, affamé lors de ses migrations, à s'approcher très près des côtes pour chasser; on le trouve même dans les estuaires. 
Poisson emblématique de la pêche sportive "au gros", on le capture à la traine rapide ou au lancer... On repère les bancs entre la surface et -50m de fond, mais il peut supporter la pression jusqu'à 1000m de profondeur!
Ainsi, longévité donc expérience, capacité d'adaptation, faculté à supporter de fortes pressions (-1000m!), rapidité et puissance sont les caractéristiques principales de ce redoutable gladiateur au sang chaud.
Y a pas à dire c'est un dur à cuire et il ne se laissera pas faire!

Salmo Salar - le Rétiaire

Physiquement moins impressionnant que son adversaire, il mesure jusqu'à 1,50m de long et pèse près de 30kg; il peut même dépasser les 45kg!
Oups! On est encore loin des 700kg du Secutor!
Il est toujours plus jeune aux grandes étapes de la vie, puisque son espérance de vie en général ne dépasse pas 6 ans contre les 40 années du thon. Notons que les deux poissons peuvent donc avoir, théoriquement, les mêmes mensurations à l'âge de 4 ans: mesurer chacun 1.20m et peser 30 kg. Mais Thunnus est alors un jeune insouciant au printemps de son existence, alors que pour Salmo l'hiver approche...   
Malheureusement Salmo semble moins rapide que l'adversaire, sa "vitesse limite" (c.f. travaux/expriences de M.L.Kreitmann) ne dépasse pas  28,8km/h . Certains auteurs lui prêtent pourtant des pointes à 40km/h, ce qui en fait le poisson le plus rapide de nos rivières; bien  que  des scientifiques estiment qu'il ne dépasse pas 11 km/h en général, lors d'observations aux passes traditionnelles. Oui, mais ne s'agit-il pas encore de "vitesse limite"?... Et "quid" de sa progression dans l'océan? Gageons qu'elle est plus proche des 30 km/h en pointe au cours de ses 1000km de migration.
Voilà de belles mensurations malgré tout, comparées à celles du maousse concarnois!
En revanche, ce qui le caractérise vraiment du premier, c'est son déterminisme, son opiniâtreté exacerbée illustrés par les efforts qu'il met pour surmonter tous les obstacles lorsqu'il remonte nos rivières, réalisant ses fameux bonds spectaculaires: jusqu'à 3 mètres de haut dit-on!?.....


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Notez ici, amis handballeurs et handballeuses, que de la qualité  de ce qu'on appelle la "fosse d'appel", avant l'obstacle,  dépendra la hauteur du saut du saumon: la "fosse d'appel" étant un creux plus ou moins profond, formé dans le lit de la rivière et qui autorise notre ami Salmo à prendre plus ou moins d'élan,  déterminant ainsi la qualité de son saut!...

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On peut ajouter que les techniques de pêche de ce seigneur carnassier et vorace diffèrent selon la saison: les plus gros spécimens peuvent bien être capturés à l'appât, au leurre, mais les plus jeunes s'affolent bien plus pour les mouches des pêcheurs.

En conclusion, on dira que Salmo est tonique, assez rapide, et, comme son adversaire, doté de facultés d'adaptation étonnantes, d'un sens de l'orientation exceptionnel, d'une puissance et d'une vélocité remarquables, et mais surtout d'une détermination à toute épreuve qui en font, lui aussi, un adversaire coriace!

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Ca devrait donner une belle bagarre non?!!!...


Lequel des deux héros va manger l'autre?!!!......


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               Salmo Salar - Rétiaire -

vs

    Thunnus thynnus Scombridae - Secutor -



Rendez-vous à Châteaulin pour leur première rencontre en championnat le weekend du 13 et 14 décembre 2014!!! 

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