Après la rencontre sympathique et
hautement symbolique de préparation au championnat de pré nat' entre les gars de Concarneau et ceux
de Châteaulin, il me paraissait amusant de continuer la parabole à l'aide de deux
poissons emblématiques pour chacune de ces deux villes: le thon pour Concarneau
évidemment, et, bien sûr, le saumon pour Châteaulin.
" Salmo
Salar", ou saumon Atlantique contre "Thunnus thynnus Scombridae"
ou thon rouge Atlantique même si l'albacore,
le listao ou le germon sont plus connus des concarnois et de nos assiettes. En effet
on gardera le thon rouge qui convient mieux à la couleur du maillot, comme
illustré plus haut.
Or donc,
magie de ce délire cyber temporel de la présente machine, nous voici d'un coup transportés
dans l'Antiquité, et l'affiche de la rencontre devient:
Salmo Salar vs Thunnus thynnus
Tout
un programme!.............................
Pour
peu on se prendrait pour des romains férus de combats de gladiateurs.
On
n'en est pas loin d'ailleurs, autant l'avouer; car rien que le nom donné aux
grandes salles de sport actuelles nous rappelle les origines de nos jeux.
***
Pour
nos handballeurs préférés c'est le moment de citer Publius Syrus - que tout le
monde connait!?.... Eheheheh! - Et qui aurait dit:
"Gladiator in ipsa arena consilium
capit"
- "C'est dans l'arène que le
gladiateur prend conseil de lui-même"-
Pensée très
profonde, hautement philosophique même, un peu genre "in vino veritas" qui ma foi me convient bien mieux, et me semble
appeler le même résultat malgré tout, mais un chouya plus "embrumé"
et moins sportif je le reconnais volontiers...
***
Mais
revenons plutôt à nos poissons...
Quelles sont
donc les caractéristiques, les défauts et les qualités de nos deux gladiateurs Thunnus
Thynnus de Concarneau et Salmo Salar de Châteaulin?
Mon but
étant bien évidemment de montrer que si les concarnois rêvent de fumer Salmo
cette année, Thunnus finira malgré tout transformé en sushi voire en sashimi (moins
connu mais tout aussi délicieux) dans nos assiettes "même", au bord
de l'Aulne, avec un peu de citron, de riz et tout et tout, sauf le laurier
qu'on gardera pour nous bien évidemment... Rapport aux romains et à César...
- merci Fanchick on avait tous compris.... -
On peut trouver étrange, incongrue même, l'idée de se
lancer dans un comparatif entre ces deux espèces?
Hormis qu'on a à faire à des bretons et des
handballeurs, ces gladiateurs de poissons, habitués de la pêche sportive, ont
pourtant des points communs suffisamment singuliers pour se rapprocher
drôlement, et qui leur confèrent ainsi une place spéciale dans le Monde de nos
sportifs à écailles.
- On note au passage l'effet qui se dégage de la
technique de la mosaïque sur la fresque, comme des écailles sur la
peau des personnages et, de fait, la métaphore géniale de l'auteur de cet article?!
... -
Car en
effet, non seulement ils sont parmi les plus costauds de leur genre, mais aussi
nos deux carnassiers sont tous deux de très grands migrateurs.
Thunnus et
ses pères par exemple, naissent en Méditerranée ("Mare Nostrum" pour les romains jamais trop fiers!), ou dans le
golfe du Mexique; ils migrent ensuite et vivent, pérégrinent en Atlantique
nord, puis reviennent systématiquement frayer dans leur Grande Bleue originelle
ou vers les côtes Mayas ou bien aztèques où ils sont nés.
Aussi, On
connait tous le parcours de Salmo qui lui nait dans nos douces rivières puis
file vers l'Atlantique vit une aventure salée puis retourne au pays ("Plein d'usage et raison?"...
hmmm..... ) vers ses lieux de naissance pour s'y reproduire aussi.
En anglais
les scientifiques appellent cela le phénomène de "homing" - "retour
au gîte" -....
De fait
voilà deux poissons dont le métabolisme, la physiologie, sont très particuliers,
étonnants, exceptionnels même, qui permettent à Thynnus au sang chaud de passer
d'une eau de 3°c à 30°C sans frémir, à Salmo de vivre en eau douce comme en milieu salin...
Ci-dessous des
cartes de leurs territoires océaniques respectifs.
Thunnus thynnus Scombridae (source
Ifremer):
Salmo Salar:
Reste donc à
savoir s'il y a de la place pour deux?!............ Eheheheheh!!!!!!!!!!!!..............
Autre point
commun et non des moindre: la qualité de leur chair.
Autre
rapprochement: leur raréfaction, voire la quasi extinction pour Thunnus Thynnus
Scombridae!.
Il faut cependant
préciser ici que les causes semblent
malgré tout différentes pour chaque poisson:
Si Thunnus
paye cher l'engouement pour sa chair (notamment en Asie) par une surexploitation exponentielle au XXème
siècle, une surpêche due au développement des techniques de pêche (navires, palangres,
sennes tournantes...), le déclin de Salmo Salar quant à lui, et chez nous en
Bretagne, plutôt que par sa surexploitation (attention à l'idée faussement
répandue de la surabondance du saumon dans nos rivières bretonnes avant la
révolution...) est surtout dû aux
modifications de son environnement naturel et à nos pollutions. Les captures de
ce dernier augmentent certes aussi avec l'évolution des pêcheries et des
techniques, le développement de la pêche sportive, mais, et Châteaulin est un
bon exemple, ce sont les transformations de son habitat, les pollutions en amont de l'Aulne très tôt
(les rejets des mines argentifères entrainent des procès avec les pêcheries dès
le 18ème siècle!... ) et les changements dans l'écoulement du fleuve entre autres, avec la naissance
du canal, qui entrainent son déclin.
Aussi, cela m'oblige à rajouter malheureusement
cet autre point commun aux deux nobles guerriers: l'impression que c'est
justement la qualité exceptionnelle de
leurs métabolismes respectifs, leur sensibilité exacerbée leur permettant de
s'adapter magnifiquement à de nouveaux environnements au cours de leurs
existence vagabondes qui, paradoxalement, les fragilise et les rend extrêmement
vulnérables face aux grandes pollutions contemporaines, au changement
climatique par exemple et à ses conséquences planétaires, sur les températures, les
courants, la chimie des océans ou des rivières.
Peut-on
rêver qu'un jour nos gladiateurs seront définitivement
préservés par les dieux de tous ces maux?
***
Osons ici
une "légère" digression au moment où les hommes se posent des
questions sur leur futur et où la peur (pas encore la terreur mais...) les
oblige à se replier sur eux mêmes.
Pour nos
deux jeunes et valeureux combattants, il
est peut-être bon de rappeler la devise inscrite au sommet de la grille en fer
forgé de l'Hôtel de ville de Nantes - officielle
depuis le XIXème siècle seulement apparemment-:
" Favet Neptunus EunTi"
- " Que
Neptune favorise ceux qui voyagent "-
Voilà qui
est bien dit. Une devise faite pour Salmo et Thunnus dont Neptune est le dieu bienveillant comme celui des océans, des fleuves et des rivières.
***
Le trident de Neptune et le filet de pêcheur ne sont ils pas des accessoires que l'on retrouve aussi aux
mains du rétiaire dans l'arène?
S'il s'agissait
encore d'une allégorie concernant nos deux équipes, nul doute que Salmo de Châteaulin
fût un de ces légers rétiaires , et qu'il eût un jour à s'opposer à Thunnus, "le secutor concarnois" très lourdement armé! D'ailleurs les protections même-
coudières, chevillières, brassards, genouillères ou épaulières, cuissards
ou autres... - que l'on retrouve chez nos sportifs préférés rappellent drôlement
celles portées par nos antiques héros dans l'arène.
Mais
précisons un peu mieux les points forts (ou faibles) des deux
combattants ici pésents:
Thunnus thynnus Scombridae - le Secutor
C'est un
balaise. Une masse!
Pesant jusqu'à
600kg voire plus, il peut mesurer plus de 2m. Il atteint sa taille adulte en
Méditerranée par exemple, à l'âge de 4
ans, et mesure alors 1,20m pour 30kg.
Une source Ifremer parle d'individus de 1,90m pesant 150kg à 9 ans pélevés en
Atlantique ouest. Mais le bougre continue de grandir, puisque le thon rouge
peut vivre très longtemps pour un poisson: jusqu'à 40 ans avec les mensurations
moyennes citées plus haut!
C'est un
carnassier qui a peu de prédateurs... A part qui vous savez!.............
Et en plus il
fonce le bougre! Des pointes à 30km/h, certains ont même été enregistrés à 80
km/h en instantané voire 100km/h! (?)
Grégaire lui
aussi, il n'hésite pas, affamé lors de ses migrations, à s'approcher très près
des côtes pour chasser; on le trouve même dans les estuaires.
Poisson
emblématique de la pêche sportive "au gros", on le capture à la
traine rapide ou au lancer... On repère les bancs entre la surface et -50m de
fond, mais il peut supporter la pression jusqu'à 1000m de profondeur!
Ainsi, longévité
donc expérience, capacité d'adaptation, faculté à supporter de fortes pressions
(-1000m!), rapidité et puissance sont les caractéristiques principales de ce
redoutable gladiateur au sang chaud.
Y a pas à
dire c'est un dur à cuire et il ne se laissera pas faire!
Salmo Salar - le Rétiaire
Physiquement
moins impressionnant que son adversaire, il mesure jusqu'à 1,50m de long et pèse
près de 30kg; il peut même dépasser les 45kg!
Oups!
On est encore loin des 700kg du Secutor!
Il
est toujours plus jeune aux grandes étapes de la vie, puisque son espérance de
vie en général ne dépasse pas 6 ans contre les 40 années du thon. Notons que les
deux poissons peuvent donc avoir, théoriquement, les mêmes mensurations à l'âge
de 4 ans: mesurer chacun 1.20m et peser 30 kg. Mais Thunnus est alors un jeune
insouciant au printemps de son existence, alors que pour Salmo l'hiver approche...
Malheureusement
Salmo semble moins rapide que l'adversaire, sa "vitesse limite" (c.f.
travaux/expriences de M.L.Kreitmann) ne dépasse pas 28,8km/h . Certains auteurs lui prêtent pourtant
des pointes à 40km/h, ce qui en fait le poisson le plus rapide de nos rivières;
bien que des scientifiques estiment qu'il ne dépasse
pas 11 km/h en général, lors d'observations aux passes traditionnelles. Oui,
mais ne s'agit-il pas encore de "vitesse limite"?... Et "quid"
de sa progression dans l'océan? Gageons qu'elle est plus proche des 30 km/h en
pointe au cours de ses 1000km de migration.
Voilà
de belles mensurations malgré tout, comparées à celles du maousse concarnois!
En
revanche, ce qui le caractérise vraiment du premier, c'est son déterminisme, son
opiniâtreté exacerbée illustrés par les efforts qu'il met pour surmonter tous
les obstacles lorsqu'il remonte nos rivières, réalisant ses fameux bonds
spectaculaires: jusqu'à 3 mètres de haut dit-on!?.....
***
Notez
ici, amis handballeurs et handballeuses, que de la qualité de ce qu'on appelle la "fosse
d'appel", avant l'obstacle,
dépendra la hauteur du saut du saumon: la "fosse d'appel" étant
un creux plus ou moins profond, formé dans le lit de la rivière et qui autorise
notre ami Salmo à prendre plus ou moins d'élan,
déterminant ainsi la qualité de son saut!...
***
On
peut ajouter que les techniques de pêche de ce seigneur carnassier et vorace
diffèrent selon la saison: les plus gros spécimens peuvent bien être capturés
à l'appât, au leurre, mais les plus jeunes s'affolent bien plus pour les mouches des pêcheurs.
En
conclusion, on dira que Salmo est tonique, assez rapide, et, comme son
adversaire, doté de facultés d'adaptation étonnantes, d'un sens de
l'orientation exceptionnel, d'une puissance et d'une vélocité remarquables, et
mais surtout d'une détermination à toute épreuve qui en font, lui aussi, un
adversaire coriace!
***
Ca
devrait donner une belle bagarre non?!!!...
Lequel des deux héros va manger l'autre?!!!......
***
Salmo Salar - Rétiaire -
vs
Thunnus thynnus Scombridae - Secutor -
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